Napoléon sauvé par deux duellistes

Ridley Scott a réalisé l’un des meilleurs films consacrés à la période napoléonienne. Vous découvrirez la vision blockbusterisée d’un pan de notre histoire de France et un biopic mondialisateur de notre empereur le plus célèbre. Avant tout, vous réaliserez combien il est Corse : les polyphonies insulaires n’en finissent pas d’accompagner cette fresque expresse.
Napoléon sauvé par deux duellistes

On vous rappellera ensuite que le personnage éponyme de Ridley Scott a vécu à la même époque que Marie-Antoinette – notre It girl universelle. Elle va à l’échafaud en dentelles, en cheveux et sous les yeux de Napoléon, qui pourtant était en ce funeste 16 octobre 1793… à Toulon. Et puis, on vous fera saisir à quel point il était rustre : il ne savait pas embrasser et parlait à table en brandissant sa fourchette. Il aimait à la folie son chapeau qu’il gardait vissé sur la tête. Vous constaterez encore combien Robespierre ressemblait à Danton et Talleyrand… à personne. Quant à Fontainebleau et La Malmaison, ils ont de faux airs de châteaux anglais. Enfin, vous comprendrez que Ridley Scott raffole des chiens, des chevaux et des feux de cheminée, moins des détails et des batailles.

Nous vous sentons soudain interdits. N’avons-nous pas commencé ce billet en affirmant que Scott avait réalisé l’un des meilleurs films napoléoniens de l’histoire du cinéma ? Nous persistons et nous signons. Il y a seulement que ce n’est pas ce Napoléon, cru 2023, dont il s’agit, mais de Duellistes, sorti en 1977. Ce chef-d’œuvre suit presque mot à mot la nouvelle Le Duel de Joseph Conrad. Il évoque, sans jamais montrer le grand « petit Caporal », à merveille et avec finesse, l’épopée napoléonienne de 1800 aux Cent-Jours. On la suit à travers le duel éternellement recommencé de Gabriel Féraud et d’Armand d’Hubert, respectivement attachés aux 7e et 3e régiments de hussards.

Vous pourrez donc, à vos risques et périls, aller suivre les aventures de Joaquin Bonaparte ou, et c’est ce que l’on peut vous souhaiter de mieux, (re)voir coup sur coup Duellistes et le Napoléon de Sacha Guitry dont la mémorable scène de la coupe de cheveux qui transforme, comme par magie, Daniel Gélin-Bonaparte en Raymond Pellegrin-Napoléon vaut, à elle seule, tous les pâles effets capillaires appliqués à la tête de Napoléon Phoenix qui traîne son ennui – et le nôtre – tout au long du film actuellement sur nos écrans.

© Hussards de la Grande Armée, duellistes et sauveteurs de l’empereur, R. Scott, Duellistes, 1997.