Rendez-nous l’œuf mayo !

Mais qu’arrive-t-il à nos grands chefs de cuisine dont la réputation dépasse largement nos frontières pour qu’ils se sentent obligés de concocter des menus dont la sémantique tarabiscotée est de plus en plus énigmatique ?
Rendez-nous l’œuf mayo !

Ainsi, on découvre çà et là, que l’œuf de poule en escabèche de moutarde n’est en fait qu’un œuf mayonnaise, que le salpicon de veau élevé sous sa mère en son roux de champignons, une blanquette de veau, les miettes de filet mignon et les fouillis de pommes de terre en leur jus, un vulgaire hachis parmentier et la tourte marbrée à la financière et son coulis de fruits défendus, une classique tarte aux pommes.

Si ce petit jeu consiste en fait à procurer des lettres de noblesse à nos plats traditionnels, pourquoi ne pas s’essayer d’abord aux humbles et aux sans-grades qui méritent d’être magnifiés ?

Ainsi, on pourrait travestir les sardines à l’huile en Perles de l’océan délicatement oléaginées et leurs farandoles de petites arêtes, les maquereaux au vin blanc en effilochés de poisson irisé de la baie de Concarneau en sa marinade sancerroise, le thon à l’huile en émincé de scombre en son huile parfumée et les nouilles, si plébiscitées par nos petits-enfants, en turbans de semoule de froment al dente à la Leonardo da Vinci.

Alors s’il vous plaît, restez simples, rendez-nous nos bons vieux cardons à la moelle et autres poulardes de vessie de bœuf si chères à Alexandre Dumas que l’on retrouve dans nos recettes de grand-mère. 

Ne manquez pas de lire, ou relire les billets suivants : « L’Impudique fourchette anglaise », « Le repas, tout un art ! », « Dîner ou souper » et « Un repas : à la bonne heure ! » 

Louis de Funès dans Le Grand Restaurant, 1966 © Vanity Fair.