Dans les coulisses du couronnement

Le 6 mai, Charles III sera oint et sacré. Une cérémonie qui n’existe plus qu’au Royaume-Uni pour marquer les épousailles grandioses d’un roi avec ses peuples. Petit aperçu des préparatifs de ce rituel millénaire.
Dans les coulisses du couronnement

Depuis 1066 et Guillaume le Conquérant, l’abbaye de Westminster est le lieu du couronnement des souverains britanniques. Dans le cadre de l’opération Golden Orb, déclenchée juste après l’avènement du nouveau souverain, elle est fermée au public depuis le 25 avril pour permettre les ultimes préparatifs du sacre de Charles III. D’autres sont en cours depuis des mois. Comme la restauration du trône de Saint-Édouard sur lequel 38 monarques ont été couronnés depuis sept cents ans. Le siège antique a été conçu pour enchâsser la célèbre pierre de Scone qui servait à l’intronisation des rois d’Écosse. Si la pierre a regagné Édimbourg depuis 1996, elle sera de retour à Londres, le temps de la cérémonie.

Les couronnes ont quitté la Tour de Londres pour être ajustées à la tête du roi et de la reine consort. D’abord celle de Saint-Édouard, que coiffera Charles III à l’acmé du couronnement, après l’onction. Puis la couronne impériale d’État, créée pour le sacre de George VI, en 1937, et que le souverain portera en quittant l’abbaye de Westminster et lors de la procession jusqu’au palais de Buckingham. Enfin, Camilla sera couronnée auprès de son époux et recevra la couronne de la reine Mary, utilisée en 1911 par l’arrière-grand-mère de Charles. C’est la première fois dans l’histoire récente britannique qu’une couronne est ainsi « recyclée ». Elle a aussi été modifiée avec la suppression de deux arches et le remplacement de trois pierres par les diamants Cullinan III, IV et V, issus de la collection personnelle d’Elisabeth II.

L’huile sainte de l’onction, réalisée suivant une formule pluriséculaire, a été obtenue à partir d’olives récoltées sur le Mont des Oliviers, auprès du monastère de Sainte-Marie Madeleine où repose la princesse Alice de Grèce, grand-mère de Charles III. Elle a été consacrée au Saint-Sépulcre par le patriarche orthodoxe et l’archevêque anglican de Jérusalem. C’est là à la fois un hommage du monarque à son père, le prince Philip, et l’affirmation de sa volonté d’associer d’autres Églises et d’autres religions à son couronnement. Ainsi des représentants des cultes musulman, juif, hindou et bouddhiste, devraient compter parmi les invités à la cérémonie. Lesquels seront quatre fois moins nombreux qu’en 1953, deux mille seulement sous les voûtes de l’abbaye de Westminster. Tous les pairs du royaume et membres du Parlement ne seront pas présents.

Car Charles III veut moderniser le couronnement et éviter un déploiement de faste disproportionné en cette période de crise. La durée de la célébration sera ramenée de trois heures à moins de deux. La procession du couronnement réunira quatre mille soldats au lieu de 12 000 en 1953, venus de tous les pays du Commonwealth. Elle ne comptera que trois carrosses en plus du carrosse d’or d’État, utilisé pour tous les couronnements depuis celui de George IV, en 1821.

Si, à soixante-quatorze ans, il sera le monarque britannique le plus âgé à être couronné, Charles III a voulu donner un rôle à son premier petit-fils, lors de la cérémonie. À neuf ans, le prince Georges sera le plus jeune page d’honneur du souverain, chargé de porter la traîne du manteau de sacre. Un gage pour l’avenir et le symbole de la pérennité dynastique.  

Ne manquez pas de lire, ou relire les billets suivants : « Le Royal Standard ne s’abaisse jamais » et « Vive Élisabeth II, duc de Normandie ! » 

Le prince Charles aux côtés de la couronne impériale d’État. © Abacapress.com.