Où est passé le trait d’union ?
Nul n’y prend plus garde ! Le trait d’union, ce petit trait qui se glisse entre deux noms, deux prénoms ou deux syllabes, et qu’il ne faut pas confondre avec le tiret voire le signe moins, est riche, très riche même. Il est encore utilisé dans les fusions de genres musicaux, dans des syntagmes, dans le phonème éphelcystique, dans une césure, etc. Il est tellement fortuné, ce trait d’union, que certains s’imaginent qu’entre deux noms, il remplace la particule.
La République, qui n’est jamais pauvre en matière d’innovation, l’a même doublé à l’occasion de la loi sur la famille. Lorsque les enfants portaient les deux noms de ses parents, on parlait alors de « double nom ». Le double tiret ayant pour but de ne pas le confondre avec un nom composé. Las ! On [les autorités] s’est aperçu que ce double tiret ne pouvait être imposé par une simple circulaire et on l’a rendu facultatif.
Cette petite doublure à la graphie disgracieuse tomba en désuétude et fut définitivement supprimée, laissant un trou béant entre les noms des deux parents.
Les autorités ont, par cette nouvelle circulaire, jeté des noms de familles prestigieuses dans le commun. Il est en effet une curiosité onomastique peu connue. Certains noms de familles anciennes ne sont pas reliés par ce trait d’union litigieux, qui marque la différence avec le statut des noms résultant de l’alliance entre deux familles. Citons par exemple les Levis Mirepoix, Choiseul Praslin, Montesquiou Fezensac, d’Audiffret Pasquier, Bausset Roquefort et combien d’autres. Nous voit-on demander au duc de Montesquiou : « Fezensac, c’est le nom de votre mère ? »
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