Extraits de parfum

Au Ier siècle avant J.-C., un parfum était dédié à chaque divinité : le benjoin à Jupiter, l’aloès à Mars, le safran à Phébus, le musc à Junon, la cannelle à Mercure et l’ambre à Vénus. De rites en savoir-faire, de notes de tête en notes de fond, floral ou boisé, le parfum se dévoile et se raconte. En voici quelques gouttes.
Extraits de parfum

Qu’il soit fleuri, boisé ou ambré, porté la journée ou lors d’un dîner habillé, le parfum est aujourd’hui un indispensable du quotidien. Il doit sa tradition à quelques grandes figures.

Tapputi-Belet-ekalle est la première parfumeuse – et pour certains, l’une des premières femmes chimistes – connue de l’histoire. Vivant à la cour d’Assyrie, ancienne région du nord de la Mésopotamie, au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle av. J.-C., elle est mentionnée sur une tablette contenant la liste des ingrédients d’une huile parfumée. Avec la préparation de diverses huiles et autres onctions, l’art de la parfumerie a été influencé par ses découvertes et ses travaux.

Selon une légende, pour séduire l’empereur Marc-Antoine, Cléopâtre aurait enduit les voiles de son bateau d’un parfum aux fragrances si fortes que l’on pouvait sentir l’odeur depuis les côtes. Plus tard Louis XIV, surnommé le « Doux Fleurant », rompt avec la tradition des senteurs animales tenaces du musc, de l’ambre et de la civette, en vogue depuis la Renaissance et destinées à masquer les mauvaises odeurs. La fleur d’oranger fait alors son entrée à la cour.

C’est le jasmin et autres notes florales qui feront sensation auprès de Marie-Antoinette. Napoléon, quant à lui, ne portera que de l’eau de Cologne. Il en utilise jusqu’à 120 litres par mois. Il s’en frictionne et en boit, la conservant dans une fiole glissée dans ses bottes. Retiré à Sainte-Hélène, il en confiera à son officier d’ordonnance la fabrication, à partir des herbes alentours. L’Osmothèque, inaugurée en 1990 et située à Versailles, est le premier conservatoire de parfums de l’histoire. Sa collection en réunit 3 200, dont 400 disparus.

Et qu’en est-il de l’usage ? Au XIXe siècle, les femmes respectables ne se parfument pas la peau, seulement leurs éventails, leurs mouchoirs et leurs châles. L’eau de Cologne est réservée aux plus âgées et aux jeunes filles. Les femmes mariées, quant à elles, portent des fragrances à la violette et aux fleurs blanches ; les célibataires et les veuves, à la rose et aux fleurs exotiques.

Bien que l’usage du parfum ait évolué depuis, nous ne pouvons que vous recommander de ne pas trop abuser du flacon. Et si vous avez un doute, rappelez-vous ces mots précieux de la baronne Staffe : « On peut presque définir le caractère d’une femme d’après son parfum favori ». 

Extraits de parfum © paintingvalley.