Gimme Gimme Gimme

Les soirées « rallye » rassemblent depuis des générations des jeunes soigneusement sélectionnés, heureux de goûter (en toute modération naturellement) à la fièvre du samedi soir. Sous le regard enthousiaste de leurs parents qui se réjouissent de voir leurs enfants s’amuser dans ces soirées dansantes encadrées.
 Gimme Gimme Gimme

Sur la piste de danse, une jolie brune, seize ans tout juste, sautille en rythme d’un talon aiguille sur l’autre, une coupe de champagne levée, dans une ravissante robe longue en soie émeraude. À ses côtés, un jeune homme, nœud papillon au cou et chevalière au doigt, est tout occupé à chanter Gimme Gimme Gimme (Abba) tout en balayant sa mèche de cheveux. Ce samedi soir, au Pavillon Dauphine, adossé au bois de Boulogne, plus de huit cents adolescents se sont donné rendez-vous pour festoyer entre jeunes gens triés sur le volet. 

« Le rallye donne aux jeunes une aisance et une personnalité, bien au-delà des simples mondanités », nous confie l’une des grandes prêtresses de ces réceptions mondaines. De nombreux parents les conçoivent volontiers comme un relais éducatif permettant d’inculquer à leurs enfants l’art de se tenir et de se présenter. À cet égard, la finalité de ces soirées n’est pas tant ludique que sociale. Elles permettent à des jeunes dotés d’une éducation et de valeurs communes de se retrouver chaque mois dans des endroits prestigieux, de nouer des amitiés fortes, de cultiver un réseau de relations voire de se forger un carnet d’adresses. Et qui sait, peut-être certains jeunes gens rencontreront-ils leur futur mari ou épouse lors de la soirée « Bulles & Plumes » à l’École militaire ou « Haute Couture » à l’Espace Montparnasse...

Ce soir à Bagatelle, la fête réunit les enfants de l’élite politique, financière, médiatique du pays. Quelle n’est pas la fierté des parents de voir leur fille si élégante dans sa tenue de soirée et leur fils se muer en un véritable gentleman. Un vent de modernité souffle sur ces soirées autrefois jugées un brin ringardes. En l’espace d’une génération, les videurs ont remplacé les aboyeurs, les disc-jockeys les plus prisés ont succédé aux orchestres. Un regard, une main tendue en signe d’invitation et voilà Stanislas lancé dans un rock effréné, le genou parfois à terre, avec une demoiselle en robe violine. 

Les soirées rallye n’ont pas fini d’enflammer les parquets. 

Ne manquez pas de lire, ou relire notre billet : « Comme le disait George Brummel ».

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