L’art d’être à sa place

La dignité des personnes correspond-elle à cette réflexion devenue rare : est-il à sa place ? Il n’est pas évident de s’y retrouver parmi les comportements dans notre société.
L’art d’être à sa place

On ne saurait balayer d’un geste, le proverbe : « Le réel est toujours à sa place. » Cela paraît tellement évident. Cette évidence-là demande pourtant à être vérifiée. Combien de personnages jouent, aujourd’hui, un rôle, pensant laisser croire ce qu’ils ne sont pas ? Combien de fois viole-t-on par jour le concret, le palpable, ou le positif ? À l’inverse, l’apparent, l’arbitraire, le fantomatique, le fictif, l’illusoire, l’inexistant, l’irréel, le simulé, le subjectif et même le virtuel, ont droit de cité, dans l’ordre ou le désordre. 

Il fut un temps où la société définissait les individus selon leur naissance. L’un était noble, l’autre bourgeois, artisan, paysan, domestique. Auparavant chacun était consigné dans une place et l’on y restait. Aujourd’hui chacun la cherche et tente de se frayer un chemin dans une société sans cesse en mouvement. 

Pourquoi entend-on à propos de tel artisan, homme politique, dirigeant ou de tel personnage dont on ignore la qualité (sociale), « est-il digne, est-il à sa place ? » 

En réalité, il ne faut pas désespérer de la modestie. Le secret est là, à condition, encore une fois, qu’il s’agisse de l’authentique modestie, car, comme le souligne un proverbe : « La modestie des orgueilleux est odieuse, insupportable. » Comment la déceler ? En se référant à la définition des dictionnaires : « Agir conformément à ce qui est attendu, à ce que les autres pensent. » La véritable modestie réside dans l’authenticité, évitant l’orgueil dissimulé et se manifestant par l’humilité réelle plutôt que par une façade trompeuse. Et, en suivant l’adage de Jules Renard, maître en la matière : « Ne pas se mettre sur le même rang que les autres pour mieux montrer qu’on les dépasse. »

Ne manquez pas de lire, ou relire le billet suivant : « Je suis, j’y reste »

E. Guérard, Boulevard des Italiens, 1856 © WK.