L’heure n’est pas celle que l’on croit

Nous pensions en avoir fini avec ces changements d’horaire, d’hiver en automne et d’été au printemps. Las, les quelques dirigeants ont trouvé un nouveau prétexte pour reporter leur suppression.
L’heure n’est pas celle que l’on croit

Les suisses se sont bien amusés, dans les années soixante-dix, lorsque la France institua les heures d’été et d’hiver. « Nous fabriquons les montres, dit l’un d’eux. Et vous, vous changez les heures ! » Depuis, l’Europe entière est passée sous le joug de cet arbitraire. 

Le changement d’heure est peut-être une coutume française. Avant le XIXe siècle, chaque ville y avait son heure propre, mais le développement des moyens de communication, notamment du chemin de fer, nous a obligés à adopter une heure unique. Elle fut d’abord celle du méridien de Paris. Un certain Collin publia, en 1880, une plaquette, intitulée : L’unification de l’heure à Paris et dans toute la France, qui faisait le tour de la question. Puis, en 1911, on s’aligna sur Greenwich. Aujourd’hui, nous nous alignons sur un décret.

Bien avant tout cela, Henry Sully (1680-1729) avait étudié la Règle artificielle du temps. Son traité parut une première fois, en Autriche à Vienne, en 1714. Ce savant d’origine anglaise devait créer, en 1718, une manufacture d’horlogerie à Versailles. Il entreprit aussi, en 1727, la construction de la méridienne de l’église Saint-Sulpice à Paris. Cette œuvre fut achevée par l’astronome Pierre-Charles Le Monnier (1715-1799). Mais c’est sa Règle qui l’occupait le plus. Il y revint plusieurs fois, y en ajoutant, en 1717, Le traité de la division naturelle et artificielle du temps, des horloges et des montres de différentes constructions, de la manière de les connaître et de les régler avec justesse. Tout ceci en près de deux cents pages.

Aujourd’hui, tout est simple à effectuer. On nous dit : avancez d’une heure votre montre, ou, à l’inverse, reculez-la d’une heure. Et l’on gagne ou perd à chaque fois du sommeil. Tandis qu’autrefois, la longueur du temps était plus affinée. Grâce à Sully et quelques-uns autres, nous savions que la différence entre le temps solaire moyen et le temps solaire vrai était appelée « équation du temps ». Celle-là varie chaque jour et atteint – 16 minutes en novembre et + 14 minutes en février. Ce décalage horaire est quand même plus supportable.