Quand épée rime avec immortalité

Tout comme les bottes vernies et le chapeau à plumes, l’épée accompagne l’habit vert des académiciens. Signe à l’origine de l’appartenance à la Maison du roi, leur poignée porte les symboles représentant la vie et l’œuvre de son détenteur.
Quand épée rime avec immortalité

Signe distinctif des académiciens, avec l’habit vert, l’épée incarne l’esprit chevaleresque des membres d’une de nos plus prestigieuses institutions. Ardents défenseurs de la langue française, leur combat, officialisé en 1635 par Richelieu, est éternel puisqu’ils sont immortels.

La réalisation de leur épée est confiée à des joailliers et des artistes. Le geste a d’autant plus de valeur lorsqu’il est exécuté par un ami. Ce fut le cas pour le joaillier Lorenz Bäumer, installé place Vendôme, qui a eu l’honneur de créer celles de Gabriel de Broglie et de Xavier Darcos. Il est émouvant d’imaginer la rencontre entre le savoir-faire admirable d’un créateur et le destin exceptionnel d’un homme. Du pommeau à la pointe de la lame, l’épée raconte la vie et l’œuvre de son récipiendaire. Chaque symbole gravé et sculpté prend vie sous les mains expertes des artisans d’art.

Pour Gabriel de Broglie, haut fonctionnaire élu en 2001 au fauteuil (11) d’Alain Peyrefitte, Lorenz Bäumer a dessiné une épée aux couleurs de la famille, en lapis-lazuli, or et argent. Sur le pommeau, la déesse Minerve évoque l’Institut de France, dont le prince sera chancelier, et le Conseil d’État, dont il est un membre éminent. Sur la garde, sont gravées les initiales des organismes qu’il dirigea dans l’audiovisuel : ORTF, Radio France, INA, CNCL. Les grilles et les arcades miniaturisées du Palais Royal rappellent le fief de l’orléanisme, cadre historique favori de ses écrits.

L’épée du chancelier et ancien ministre Xavier Darcos, élu au fauteuil (40) de Pierre-Jean Remy en 2013, décrit l’épicurien qu’il est. Lorenz Bäumer a figuré l’amour qu’il porte à sa famille par une constellation d’étoiles ; sa passion des belles lettres par une plume ornée des noms d’Ovide, Tacite, Mérimée et Wilde. L’épée est un livre ouvert, illustré d’allégories faites de vermeil, d’argent, d’émail et de cuir, restituant ce qui fait le bonheur de cet homme : la musique, la gastronomie, les bons vins, sans oublier ses racines en Aquitaine.

Cinq fauteuils sont actuellement à pourvoir. De quoi augurer encore de belles créations !

Épée de Xavier Darcos © Lorenz Baümer.