Qui vous a écrit ?

Vous avez, vous venez ou vous allez recevoir quelques bons vœux par la poste. Sur les enveloppes, au crayon bille, au feutre, plus joliment à l’encre, une écriture amie aura tracé votre nom, indiqué votre adresse.
Qui vous a écrit ?

Les plus esthètes, les plus nostalgiques de vos correspondants auront bien veillé à mettre une virgule entre le numéro et la voie, bravant ce faisant l’atterrante circulaire que La Poste diffusa en 2004. « Les 6 conseils de votre facteur » préconisait, entre autres, de « ne jamais mettre de virgule après le numéro de rue, ni point, ni apostrophe, ni souligné, ni tiret. Un exemple de " bonne rédaction " y était donné en suivant : " Entrée A bâtiment Jonquille 25 rue de l Eglise " (sic) ! »

Rions un peu et revenons, si vous le voulez bien, à cette lettre que vous tenez entre vos doigts. Surtout, vous ne la retournez pas. À son dos, désormais, se trouve sans doute le nom de l’expéditeur soucieux de savoir qu’en cas de non-distribution, sa lettre lui reviendra... 

Et là, de trois choses l’une : ou vous ne savez pas qui vous écrit et vous ouvrez sans attendre la missive ; ou vous hésitez et vous serez peut-être tenté, si vous êtes joueur, de la laisser de côté le temps de remettre un nom sur les mots tracés ; ou vous avez immédiatement reconnu l’écriture, celle ample et ronde d’une grand-mère, désinvolte d’un ami d’enfance, patte de mouche d’un oncle, curieuse d’une gauchère, violette d’une résolue, celle d’un enfant qui vous a promis de vous écrire, celle dactylographiée d’un étudiant qui vient de récupérer une antique machine à écrire, et alors, c’est certain, vous prendrez le temps de décacheter proprement cette lettre qui vous console déjà des factures, prospectus et autres joyeusetés déposés dans votre boîte aux lettres. 

Bref, vous voilà heureux. Il ne vous reste plus qu’une chose à faire : prendre la plume à votre tour ! 

Répondre à ces vœux vous donnera peut-être envie de ne pas vous arrêter en si bon chemin. Écrivez à ceux que vous aimez, même de loin, à ceux qui sont seuls, dans la peine, à ceux que vous ne connaissez pas personnellement, mais que vous admirez. Dans ce dernier cas, si vous hésitez dans la formulation, dans la rédaction de l’enveloppe, saisissez votre Bottin Mondain et rapportez-vous, en toute confiance, aux pages Bienséance !