Un roi à Paris

La première visite d’État en France de sa Majesté Charles III se déroulera à Paris, du 20 au 23 septembre prochains. Quatre jours pour célébrer notre Entente cordiale. Cette cousinade officielle ne manque pas de nuances.
Un roi à Paris

Ils méritent bien un billet, ces Britanniques, frères ô combien ennemis et autant amis ! Depuis que Guillaume le Conquérant, avec ses compagnons normands et quelques bretons, ont conquis la terre anglaise, leurs souverains le furent aussi de France ; du moins ils le prétendirent. Ce qui provoqua des guerres qui durèrent cent ans et plus si on ajoute les suivantes. 

N’oublions pas non plus la grand-mère de tout un chacun : Aliénor d’Aquitaine, qui fut successivement reine de France et reine d’Angleterre. Cela créa tout de même des liens, même si les Français les laissent tirer les premiers, ce qui est davantage une bonne tactique plutôt qu’un effet de courtoisie. N’est-ce pas Monsieur d’Anterroches ?

Aujourd’hui encore, lorsqu’un officier français est reçu dans l’un des trois cercles militaires de Londres, comme l’In and Out Naval and Military Club, dont l’entrée principale donne sur Saint James square et l’autre dans une rue derrière (d’où l’in et l’out), il contemple au cours de son breakfast les portraits de ces généraux et amiraux avec lesquels ses grands-pères et grands-oncles eurent maille à partir durant de nombreuses campagnes jusqu’à la Guerre de Crimée, prémices de l’Entente cordiale. 

Les Français, s’adressent au roi en l’appelant la première fois Votre Majesté (Your Majesty) ; dans la conversation qui se poursuit, ils disent Monsieur (Sir). Rappelons-nous que, contrairement aux Français qui démultiplient les titres de courtoisie, les Britanniques limitent le nombre de personne portant un titre. Notons au passage que le baronet n’est pas un cadet de famille que l’on appellerait ainsi comme une mesure de compensation. Le baronet est un titre qui s’inscrit au côté des ducs que l’on appelle Your Grâce. My Lord est utilisé lorsque l’on s’adresse à un marquis, count ou viscount

L’Anglais ne va jamais droit au but, il n’est fait que de nuances. Georges Bernard Shaw disait que lorsqu’un Anglais ouvrait la bouche, les neuf dixièmes des autres Anglais le détestaient. L’accent et la manière de parler sont en effet les premiers signes de reconnaissance sociale. On n’apprend pas à s’exprimer avec l’oxbridge (Oxford-Cambridge), on naît avec. Ce qui n’est pas donné à tous les Français qui en bégaient.   

Ne manquez pas de lire, ou relire les billets suivants : « Le Royal Standard ne s’abaisse jamais », « Vive Élisabeth II, duc de Normandie ! » ou « Dans les coulisses du couronnement ».  

Charles III et la reine Camilla © Icon sport.